Saint Barthélémy

Un départ et un Re-tour


A environ 400 miles de Saint Barthélémy et 1800 miles des Açores , la voûte céleste m’embrasse et le vent chaud me caresse. 

Ils me susurrent: ne t’en fais pas, bientôt, on se revoit. Le plus petit recoin de mon être et de mon âme entend et se rassure de ce murmure. Je ne veux pas quitter les eaux chaudes et turquoises, les tortues, les raies léopard, le sable brûlant, les bougainvilliers, les chatoyants, les manguiers, les cocotiers, les papayers, les frangipaniers... 

Et pourtant sur le pont de Jacotte, j’entame une route retour. Un retour qui appelle un autre tour.

Jacotte a à son bord un bout des tropiques, un grand sapin, Antho, un frère fou rencontré sur un bout de sable.

Saint Barthélemy, une des seules îles caraibeines où je ne voulais pas aller: trop clinquant, trop emprunté, trop surfait, je disais. 

Après nos péripéties d’errances en mer, Jacotte et le vent nous ont amené au caillou, comme une obligation: une punition ou une évidence?  

Un voyage dans mes recoins trop carrés.

Les premiers jours, nous pensions juste nous reposer, ne pas faire d’entrée officielle et repartir vers la Guadeloupe, rejoindre des copains bateaux, Flyer et Wayof.

Puis nous avons trouvé le mouillage de Shell beach bien calme, reposant, des fonds marins magnifiques, des coquillages incroyables, un petit air de Corse avec ses cabris en liberté, ses falaises se jetant à l’eau. Ne sachant pas très bien quel était la situation en Guadeloupe, si ce n’est que les copains se faisaient contrôler quotidiennement avec des drones ou la gendarmerie, avec interdiction pour les enfants de descendre du bateau, une zone de baignade autorisée à 16 mètres autour du bateau, pas de paddles, ... Tandis que nous explorions  les fonds marins de Shell beach, nous nous baladions en paddle, et les enfants avaient le droit de prendre une douche à la capitainerie, à 10 min de marche, se dégourdir les jambes est devenu un luxe non négligeable. Surtout lorsqu’il est question d’etre en quarantaine ( entendre quinze jours en confinement total à bord du bateau) alors que nous n.avonspas débarque depuis bientôt 4 semaines. Évidence. Nous restons à Saint Barthélémy.

Le confinement se fera sur le caillou. L’isolement sera certainement une aubaine pour le découvrir sans tous ses apparats futiles.

Un couple sur un dinguy s’approche du mouillage, grands sourires, comme un “bienvenu chez moi”. C’est bon signe. Évidence. 

Puis la houle change de direction, le mouillage devient insupportable, nous décidons d’aller dans une anse, plus isolée, Anse Colombier. Nous passons nos journées dans l’eau, en exploration ou contemplation. La plage est inaccessible en voiture ce qui la rend très peu contrôlable par les autoritées. Nous prenons la liberté de nous balader avec les enfants dans la pampa, parsemés de Cabris en liberté et de tortues de terre. Nous rencontrons petit à petit les gens du mouillage, d’abord “Céleste”, Manu, “Samsara”, Audrey et Tom et leurs deux enfants, puis “Cibiri”, Mélanie et Ginger. Une douce ambiance règne à Colombier. Nous prévenons de la situation mondiale et locale, nos  amis d’Elora qui arrivent des Falklands. Lorsqu’ils ont quitté la terre ferme, il y a plus d’un mois, toutes les frontières étaient ouvertes. Le calme de Colombier aura raison de leur venue. Le soir couchant, un mat dépasse la caillasse, c’est eux, cris de joie, retrouvailles inespérées, nous accrochons Elora à la bouée et trinquons à toutes leurs aventures et nos retrouvailles, les enfants sont heureux de se retrouver, les grands aussi. Neuf ans après notre rencontre à Agadir, Maroc, nous revoilà réunis sur l’eau. Les semaines suivantes, Enjà est principalement sur Elora avec son acolyte Théa et Malo est principalement sur Jacotte avec Bäo, quant à Mahé, il vaque entre les deux bateaux. 

Elena et moi organisons les 11 ans de Théa et Enjá, née à 5 jours d’écart. Nous invitons tous les enfants du mouillage pour une chasse au trésor et tous les grands, le soir, autour d’un feu pour un apéro. Ça signera le début du confinement communautaire de Colombier. 

C’est l’occasion de rencontrer Eric et Cécile, le sourire de Bienvenue c’est eux, de “Sweet Love”, Elsa la belle créole et Gwen le gladiator de “ la fraingante” et leurs deux enfants, Noam et Keziah, Marcelo, le magnétique guérisseur et sa sirène Caroline, de Nuage III, Jérôme, le surfeur Balinais et Joelle, de Sao Bernardo, Les doux Pierre et Anne d’Anemo et leurs deux filles, Morgane et Emma, les surprenants Béné et Jérôme de Spica, et leurs quartes garçons, Baptiste, Calixte, Joseph et Théophile, Les deux couples amis de Manu, Et dumbo en plein envol, un énergumène débarqué de nulle part, drôle et incongru. Une merveilleuse journée suivie d’une soirée chaleureuse. Évidence. 

Tous les week ends ou presque un petit surprise, nommé Iznogood, nous nargue en louvoyant entre les bateaux du mouillage, il joue avec les étraves, sa trajectoire est courbe, fluide, il file sur l’eau, nous n’avons qu’une envie: un abordage. 

Eric et Cécile, que l’on surnomme Tonton et Tâta sweet love, nous font visiter l’île: un merveilleux restaurant: dans leur cuisine, mon palet se souvient encore du tiramisu pistache/framboise, et du poulet frites! une journée aux grottes à l'entrée sous marine,  le spot à plongeon du haut de la falaises de Shell Beach, un apéro by night sur la plage avec leurs amis, une journée de sauts tout en haut de Sweet love, tous les enfants du mouillage (14!) ont rappliqué! Une session kite, une session de surf tracté, la grosse régalade. 

Des amoureux de leurs vies et souhaitant la partager avec générosité. Nous découvrons le Saint Bart du premier sourire échangé. 

Évidence. 

Le confinement se lève petit a petit, nous décidons alors de naviguer jusqu’à l’île voisine, Fourchue la déserte. 

Nous partons en caravane; Anemo , Elora, Spica, Sweet Love et Jacotte. C’est d’ailleurs Tata sweet love qui conduira Jacotte jusqu’à Fourchue. Fourchue, la sauvage et merveilleuse, île volcanique aux 7 monts, aux multiples cactus, l’île enveloppe de ses bras rassurants les bateaux au mouillage. 

Évidence! 

A l’entrée de la plage, un campement a été élaboré, agrémenté au gré des voyageurs. Les enfants y posent leur hamac, nous retournons à l’état sauvage et essentiel. Feu de bois,  baignades, exploration des fonds marins -requins dormeurs, tortues, raies léopards, poissons en tout genre, ballades, fêtes, les enfants mettent une semaine à concevoir des maquettes de bateaux recup, construction d’un trimaran avec des planches à voiles et bâtons, boom déguisée, initiation aux bolasses (jonglage de feu), à l’accordéon et au violoncelle, moment unique: Elena joue du Bach au violoncelle dans la jungle de Fourchue. Au coucher du soleil, c’est Iznogood qui pose l’ancre à côté de celle de Jacotte, on va pouvoir tenté un abordage, enfin! 

Quelques mots puis nous voilà embarqués à bord du surprise pour un tour de l’île, ludique. Nous faisons connaissance avec le Capitaine, grand fou de bassan natif de Saint Bart. Il s’avère que Bnj et lui s’était croisé il y a 18 ans, avec son frère Matt. 

Évidence! 

Des discussions interminables, un éclair commun dans les yeux et c’est parti! Nous rencontrons Meggie, Teddy, Rose, et Flo, puis Marine et Benoit de Maolan, avec leurs deux enfants Louis et Antoine, dont on nous avait parlé. Merveilleuses rencontres. Comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Mon cœur peut-il s’agrandir si vite pour y contenir tous ces uniques? C’est vertigineux d’amour. Nous quittons la sauvage Fourchue jusqu’à la prochaine fois. 

Nous retrouvons la civilisation  de Saint Barth et par la même occasion Matt et Eloïse, le grand fou, une soirée au Sélect, bar emblématique de Gustavia et Dumbo, la rencontre incongru de l’apéro des 11 ans d’Enja et Théa. 

Évidence! 

La date de départ approche, une belle fenêtre météo se profile dans quelques jours. 

Mais avant la houle rentre à Saint-jean, au pic de coupe gorge. C’est l’occasion d’une session pour la Crazy Salty Team: grand fou, Matt, Dumbo, Victoria, Elora, Sweet love, Maolan, Anemo,...  gavage avant le départ. Pur bonheur, même la trace que je garderais sur l’arcade que mon surf m’a laissé en m’embrassant. Une soirée sur Maolan, des paroles en l’air de ne pas se quitter avec le grand fou et 2 jours plus tard c’est lui que Jacotte accueille en son ventre, l’enfant des Antilles, le grand fou, le grand sapin, le tonton,... Évidence! 

Le dernier repas à Saint Bart  se fera chez belle-mère, la maman de Dumbo, gavage encore et encore de plaisir, plein les papilles, plein les pupilles. Mon cœur va éclater! 

Mes angles sont plus ronds, et je les souhaite encore et encore plus ronds. 

L’heure de départ a sonné, Meggie, la sœur d’ Antho et Christian son père, sont là, ému-e-s de le voir partir en 24h pour une transatlantique retour. Tonton et Tata sweet love, sont là aussi. Grosses émotions, mon cœur grandit, grandit encore. 

Maolan, Elora et Iznogood avec pour capitaine Dumbo, nous accompagnent jusqu’au large de Saint Bart. Mon cœur est énorme il emplit mon corps. 

Iznogood nous bombarde de confettis, signature de Marie Ballon, meilleure amie d’Antho, Maolan nous souhaite bon vent, belle mer, Elena sort son accordéon et nous emplit les oreilles et le cœur de tout son amour. 

Mon cœur est énorme, il est l’eau qui coule de mes yeux, il est l’eau qui porte nos pas depuis plusieurs mois, il est le vent sur mes joues, dans les voiles de Jacotte, il est l’univers, il est amour et dedans il y a un peu de Saint Bart.

Évidence et coins 
















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