L’afrique Enchantée 1 Dakhla

L’Afrique enchantée



















Un alizé puissant et une mer clémente nous portent rapidement jusqu’au côtes africaines du sud marocain, la péninsule de Dakhla se dévoile en cette mi journée du 23 octobre. Tous les signes nous l’indiquent, les effluves de sardines parviennent à nos narines neutralisées du large, les fonds remontent à 30 m après 2 jours à plus de 3000 mètres et nous croisons des pêcheurs, premiers contacts autochtones toujours aussi chaleureux.
C’est la deuxième fois de nos vies - à tous les 4 - que nous abordons le Maroc par ses côtes, il y a 9 ans déjà.
La côte se dessine de plus en plus perceptible, le désert, le Sahara occidental, trait de côtes bas et continu, les immeubles et la ville apparaissent , et c’est enfin la dernière pointe à contourner avant d’entrer dans la lagune, cette pointe est tristement couronnée d’une épave de chalutier en acier lentement rongée par la corrosion. 
Virage en épingle à cheveux, nous passons du vent arrière au vent debout, en plein dans l’étrave, et c’est au moteur, contre un bon gros thermique local à 30/35 noeud + bon clapots contre nous, que nous remontons les derniers milles avant le port. Au fait le port c’est quoi, c’ est où? Nous n’avons pas d’instruction précises et savons que la zone est assez bien défendue et militarisée, en fait nous ne pouvons allez n’importe où et il faut trouver un coin où jeter l’ancre à l’abris de ce vent furieux et enfin dormir au calme. Le port de pêche est à bâbord quand nous remontons la lagune et décidons d’aller mouiller à proximité, ça semble un peu abrité.
A peine l’ancre crochée au fond de vase qu’on nous siffle depuis le quai, appels de phares et forces signes qu’on ne pourra contester: les autorités nous ont vu arriver.
«  ok, on remonte l’ancre et allons nous mettre à couple du vieux remorqueur là bas »  et tout l’équipage s’y met, en 2 minutes les défenses et les amarres sont en place et nous nous mettons à couple de Nanou lV ( bon signe car c’est le surnom du second!)
«  hello, a Salla malikoum » 
«  français ? Ah ça va être facile... les papiers du bateau monsieur?... »
Et s’ensuit le défilé des autorités: douanes, immigration, police montent à bord et m’emmènent , à 22 h à leurs bureaux. Je laisse l’equipage au milieu des bateaux de pêche et rentre 1h plus tard avec les passeports tamponnés, après moult « soyez les bienvenus » le tout dans une ambiance courtoise, bienveillante, et humble. Ça c’est du vite fait, bien fait. Nous sommes en Afrique tout juste sortit de l’Europe et nous nous coucherons enchantés à l’idée de partir découvrir pendant cette escale,ce coin de ce pays, qui toujours nous a ravis.
La nuit est rythmée par le départ des bateaux de pêches qui nous entourent. Au réveil les gros moteurs du remorqueur voisin ronronnent à côté de Jacotte, les matelots dessus nous disent qu’ils vont sortir pour la maintenance, et qu’il faut déplacer notre voilier. 
Yallah, c’est le jours des 14 ans de Bäo , un gros bisous à son réveil le temps de lui dire «  on déplace le bateau mon chéri, mais joyeux anniversaire ! »
Ni une ni deux tout l’équipage s’y met, nous traversons le port et amarrons Jacotte à couple d’une vedette, elle même à couple de 3 catas ( dont celui flambant neuf de nos voisins allemands) eux même à couple d’un vieux chalutiers. Nous sommes en tête de gondole entouré par des chalutiers à sardine, ambiance port de pêche local bien irisé du subtil cocktail sardines pourries et vieux gasoil. Nous sommes les 2 seuls bateaux de tourismes à 300km à la ronde
D’une gentillesse et efficacité sans faille 2, marins pêcheurs nous aident à bien amarrer la Jacotte contre le vent. Choukran Sidi.
Petite déco de fête dans le bateau, pancake party pour célébrer cette journée bien spéciale, ensuite nous nous préparons, attrapons le premier taxi, passons en  ville faire du change et nous y voilà.
 Dakhla , c’est partit pour la découverte de cette ville récente et en développement, rythmée par la pêche et et le tourisme sportif,le kitesurf, car c’est un endroit où le vent est roi.
Nous déambulons ,achetons quelques articles de pêche, buvons le café, passons devant la mosquée et le souk et mangeons des fritures de sardines et de calamars depuis la corniche qui domine la lagune coincée entre la garnison de marine royale et les entrepôts de congélation de sardines. C’est pas la ville la plus sexy que nous ayons vu au Maroc, et comme bien souvent le paysage urbain est anarchique et sale, mais c’est authentique et ce bazar , quelque part aide à relâcher nos schéma européens et aseptisés, ça ne fait pas de mal de remettre les pendules à l’heure. 
Nous croisons des femmes voilées  bien sûr mais pas que, quelques femmes vont et viennent dans un style à l’européenne,tout décomplexé paraît il. 
Il est 13h et devons nous mettre en quête de l’ecole de kitesurf ou Bäo va recevoir ses premiers enseignements, il est impatient, mais après 1 Heure de marche , le plan sous les yeux, rien, pas d’école. Mmmmh ! On se gratte le menton et fronçons les sourcils pour y voire un peu plus claire mais rien. Helena demande à une jeune fille dans le quartier, son père sort:
«  Li kaitsourf si pa ici mi plou loin , c’est kilomètre 25 , ou à 3 ou 10 km, mais en taxi!, et sinon il y a le bureau di kaitsourf, Li stop là bas’ à droite , c’est la route di la vache, c’est tu droit, c’est 600 m le bureau»
Choukran sidi!
Alors nous entrons dans cet humble shop, qui s’avère être un petit palais du kitesurf local . Le YALLAH SURFSHOP.  Chaymae nous accueille avec toute la tendresse de ce peuple, nous lui expliquons la raison de notre passage, elle passe dans l’arrière boutique, nous demande de patienter une minute.
C’est Hamada Titi, emmergeant tout juste de sa prière qui nous accueille tout sourire et nous lui expliquons :
 -c’est l’anniversaire de Bäo et  nous souhaitons lui offrir des cours de kitesurf 
  • Yeah, happy birthday mon grand , c’est stylish! On va pouvoir faire ça! ...Cette après midi ?
  • Oui oui super 🤙🏽🤙
  • Alors on va faire le package avec toute la famille yallah!!!!.                       C’est drôle comme la dimension espace temps est toute différente ici, des petites choses peuvent prendre beaucoup de temps, la barrière de la langue ne facilite pas toujours mais d’autres imprévues qui pourraient nécessiter de l’organisation, de la concertation et du temps peuvent très bien se faire  et bien rapidement. 
  • C’est ainsi que nous partons vers 16h avec Hamada sur le spot d’apprentissage au fond de la lagune. Sur la route il nous raconte son parcours: il est parti à 15 ans d’Agadir, ville qui l’a vu grandir à 1300km au nord, pour venir participer au montage du premier camp ici à Dakhla en 2002. Il a ensuite monter son propre shop/école de kitesurf dans sa 4L commercial! Puis il a officialisé et monté sa SARL, acheté un tout petit local puis un autre bout... tout cela dans l’esprit d indépendance, de liberté et de respect ( de l’environnement et de l.humain) qui l’anime. Bravo titi ! Yallah. Il y vend du matériel de glisse dont une gamme qui porte le nom de sa marque et dès vêtement aussi fait dans sa région natale. Il s’est fait tout seul grâce à sa détermination et motivation et c’est un super rider. 
Arrivé sur le spot la magie opère, je comprend pourquoi ce site est la Mecque du kitesurf. Un paysage spectaculaire de canyon et de dunes, le désert de sable et de pierre et quelque langues de mers dans différentes orientations qui sont autant de plan d’eau pour rider, le vent souffle du nord en permanence.
Bäo et hamada sont partis pour le premier cours et moi je cours me faire une session,   Avec l’aile 11 m2 achetée avant le départ et que je n’ai pas encore essayée.
Du régale pendant 2h mais contraint de sortir de l’eau aidé du secuman sur l’eau suite à la rupture de 3 lignes, emmêlées à celle d’une débutante, il y a du monde sur le plans d’eau ...
Bäo, lui est enchanté par cette première journée, il finira par la nagé tractée, le sourire jusqu’aux oreilles.
Nous invitons Hamada et Chaymae à venir manger des galettes de blé noir au bateau, nous passons une très belle soirée et finirons par aller nous coucher étourdis par cette première journée marocaine. Ça promet.
Les jours suivants sont ponctués de vie local, souk, barbier et coiffeur, déambulations, dégustations de plats tous plus délicieux les uns que les autres.
Les sorties aux hammams pour les filles comme pour les garçons sont des moments de plaisirs intenses. Premièrement parce que se laver autrement qu’au gants de toilette mais dans une grande salle où nous avons tous le loisir de nous allonger et de nous asperger est vraiment agréable, mais aussi l’ambiance y est conviviale et décomplexée, un masseur est disposé à nous masser au savon noir et nous frotter énergetiquement au gants de crin, un vrai coup de fouet, nous faisons peau neuve. Après cette session du soir hamada nous emmène chez son ami qui prépare des kefta  de chameaux , un délice.
Nous rentrons tard au bateau, Enjà et Bäo après leur journée de kitesurf vont s’endorment, et nous, les adultes resteront à discuter jusque tard.
Le lendemain, nous partons faire découvrir la voile à Hamada et Chaymae, nous sortons du port puis de la lagune, ils découvrent leurs coins sous un autre angle et tout le monde est ravis, nous faisons une pause déjeuner devant le spot de lassarga, une des meilleurs vagues marocaine, avec Helena nous allons y surfer pendant la sieste de nos invités. Nous assistons tout l’après midi au retour des barques de pêches aux étraves très hautes, qui sans cesse défilent de part et d’autres du bateau, nous nous saluons invariablement et mutuellement . Ce peuples est vraiment très accueillant et chaleureux.
Plus tard nous rentrons de nouveau dans la lagune et mouillons dans un coin tranquille, coucher de soleil et oiseaux par milliers en spectacle, nos deux apprentis marins iront se coucher un peu plus amariné.
Retour vers le port après le petitdej , petit vent et grands courant nous y mènent en vitesse. Il fait très chaud à terre ,30/35 degré, nous rejoignons le spot de kitesurf en milieu d’après midi, dernier cours pour Bäo. Maintenant il est autonome!
En nous couchant avec Helena , on se dit «  waouh ça ne fait que 4 jours que nous sommes là, ça pourrait faire 2 semaines qu’il n’y paraîtrai rien ! Allez, Laįla saįdā à demain »








































































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